Même si, en y réfléchissant bien, nous sommes en transition toute notre vie, il y a certaines périodes où ne le sommes plus qu’à d’autres ! Où les changements, les bouleversements sont plus drastiques, où les routines disparaissent pour laisser place … au vide et à la créativité !
Par deux fois dans ma vie, j’ai pris des virages radicaux, remettant en cause mes choix de vie professionnelle.
Avec aujourd'hui un peu de recul, voilà ce que je peux en dire, en termes d'étapes, de cheminement.
La joie
Au départ de mes transitions, il y a eu de la joie, de l’excitation.
Il faut dire que ces transitions dans lesquelles je me suis engagées étaient des transitions (relativement) choisies* : c’est moi qui faisais le choix de faire une pause pour donner une autre trajectoire à mon parcours professionnel (même si ma première transition a été la suite d’un départ quelque peu « provoqué », comme je le raconte dans l’histoire de mes transitions, j’avais décidé d’en faire une opportunité de pause et de réflexion).
Une de mes premières perceptions au début de mes transitions a été « de ne plus avoir mal » : ce qui me faisait souffrir dans le travail que j’avais quitté, avait cessé et ça faisait forcément une grande différence !
Et c’est curieux comme je ne m'étais pas rendu compte à quel point c’était douloureux jusqu’au moment où ça s’est arrêté !
C’est comme si j’avais marché pendant un temps avec une punaise enfoncée dans la plante de pied : ça faisait mal à chaque pas mais à la longue, la douleur était devenue habituelle. Je n’y prêtais plus attention tant il fallait que j’avance.
Et puis quand j’ai ôté la punaise … quel soulagement. Je pouvais vraiment ressentir la différence à chacun des pas que j’effectuais !
Et forcément, je ressentais de la joie, de la légèreté …
*(Je ne crois pas cependant que ç’aurait été pareil si ces transitions avaient été subies. Dans ces cas, je pense que les émotions ressenties auraient été plus de l’ordre de la colère ou de l’abattement. Je ne voudrais pas faire croire qu’aborder une transition de vie commence forcément par de l’exaltation. Je raconte MON expérience).
La liberté
Après la cessation de la douleur, il y a eu le sentiment de liberté.
Liberté des pistes que je pouvais poursuivre, explorer, des choix que je pouvais faire … plein de portes à ouvrir, plein de nouveaux domaines sur lesquels me pencher.
J’avais ce sentiment d’être une enfant qu’on emmenait dans un magasin de bonbons et à qui on disait qu’elle pouvait tout gouter, même dans les pots tout en haut des étagères !
Cette liberté m’a permis de nourrir ma curiosité sur les sujets qui me tentaient, de découvrir d'autres domaines, de faire des rencontres … en allant à des conférences, des ateliers, en discutant autour de moi. Je me suis laissée porter par mes envies pendant un moment. J’ai beaucoup appris sur beaucoup de sujets dont certains ont pu m’être utiles par la suite.
Cette liberté m’a également permis de sortir du milieu professionnel dans lequel j’évoluais jusqu’alors, en allant à la rencontre de personnes qui avaient d’autres parcours, d’autres métiers, d’autres visions.
Et puis la liberté je l’ai aussi ressentie sur mon emploi du temps : en m’accordant volontairement un temps d’exploration, je m’accordais du temps pour prendre soin de moi : faire du sport, méditer plus longuement, aller à voir des expositions, me balader …
Mais à force d’ouvrir des portes ou "des onglets" (comme sur un navigateur d’internet où, au gré des recherches, on se retrouve avec une multitude d’onglets ouverts !), j’ai eu le sentiment de me noyer, de ne plus savoir par où commencer, d’avoir la vision brouillée.
Bref, j’avais mangé trop de bonbons, je savais que je devais me mettre à la diète !
La peur, les doutes
Alors est venu le moment des peurs : peur de choisir, peur de se tromper, peur de pas y arriver …
Les peurs ont engendré le doute : ai-je bien fait, n’aurais-je pas dû … ?
C’est ainsi que ma première transition n’a pas pris toute l’ampleur que j’avais imaginée au départ : de directrice juridique je suis passée à manager de transition. Je lâchais l’idée de travailler en CDI pour devenir nomade mais le métier restait le même : diriger des équipes juridiques.
Certes, les conditions changeaient : je passais d’entreprises en entreprises, je côtoyais des personnes différentes, je travaillais sur des projets diversifiés dans des contextes variés, mais tout cela était bien loin des pistes que j’avais commencé à explorer, comme celle de la musique, comme j’ai déjà pu le raconter.
Durant cette période de management de transition, il m’est même arrivée d’accepter un CDI pour finalement le rompre durant la période d’essai. Je ressentais une forme de pression à rentrer à nouveau « dans le moule ». Etait-ce du fait de mes doutes, d’un contexte ambiant ?
En tout cas, le chemin de la transition de vie n’est pas une ligne droite. Il ne s’agit pas de prendre un tournant puis de suivre un chemin tout droit jusqu’à destination. Le chemin de la transition est tortueux, il est fait de virages, de boucles, de retours en arrière pour reprendre une autre voie, le tout pour tendre un objectif qui lui-même évolue au gré de la progression. Comme l’illustre ce schéma que j’aime beaucoup !
En tout cas, ce que m’a permis cette période de management de transition, c’est d’apprendre à vivre avec une certaine instabilité (des périodes de missions et des périodes d’intermission, des périodes de revenus et des périodes sans revenus !), de tester mes capacités à trouver des ressources pour avancer, même si la peur et les doutes refaisaient régulièrement surface.
La remise en route
C’est ainsi que j’ai continué ma route, j’ai fait des choix, pris des options, choisi des chemins, en ai abonné d’autres … des fois même en me projetant volontairement en dehors de ma zone de confort pour avancer, en jetant mon sac par-dessus le mur pour continuer l’aventure !
Cette dernière métaphore vient du livre « l’apprentissage du bonheur » de Tal Ben Shahar dans lequel il compare la vie à un chemin que l’on parcourt sac au dos et où, à certains moments, on arrive au pied d’un mur qui nous bloque et le passage et la vue. On est au pied du mur et on ne sait pas ce qu’il y a derrière, on n’y est jamais allé !
Plusieurs possibilités s’offrent alors à nous : rester et piétiner au bas du mur, rebrousser chemin ou … jeter son sac par-dessus le mur. Dans cette dernière option, on se retrouve contraint de trouver un moyen pour escalader le mur pour retrouver son sac et continuer son chemin.
Et bien dans mon chemin de transition, il m’est arrivé plusieurs fois de jeter mon sac par-dessus le mur, en d’autres termes d’oser alors que rien n’était moins sûr mais avec l’intime conviction que sinon, j’allais rester un moment à piétiner, hésiter, procrastiner. Une fois mon sac lancé, j’ai été obligée de me mettre en mouvement et d’assumer l’action que j’avais initié.
Albert Einstein ne disait-il d’ailleurs pas : « « La vie c’est comme la bicyclette : il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre » ?
Et la méditation dans tout ça ?
La pleine conscience m'a été d'un grand support durant ces transitions. Elle m'a permis de reconnaitre toutes les émotions et états d'âme que je pouvais rencontrés, de les écouter, mais de pas me laisser envahir ou paralyser non plus.
C'est ce que je vous raconterai à l'occasion d'un autre post !
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