Voilà une question qui m’est régulièrement posée depuis que j’ai affiché être “trauma sensitive mindfulness certified practitioner", après plus d'une année de formation auprès de David Treleaven*.
Cette formation, que j’ai faite aux Etats-Unis, n’a aucune équivalence en France.
Et lorsque j’ai cherché à traduire en français cette certification que j’ai acquise, je n’ai été dirigée que vers des sites et des études canadiennes.
Au Québec on parle de pratiques, d’approches ou de soins “intégrant la notion de trauma” “sensibles au trauma”. Rien ou presque en France.
J’ai choisi de qualifier ma pratique de l’instruction de la pleine conscience comme étant "sensible au trauma".
Mais de quoi s’agit-il ?
C’est ce que je vous explique dans l’article ci-dessous.
* David Treleaven est un éducateur et un professionnel des traumatismes, de renommée internationale et dont les formations se situent à l'intersection entre traumatisme et pleine conscience.
Ses travaux ont été intégrés à de nombreux programmes de formation d'enseignants dans le monde. Il est l'auteur de l'ouvrage plébiscité “Trauma-Sensitive Mindfulness”.
Trauma, traumatisme, PTSD … de quoi parle t-on ?
Un événement traumatique est un événement brutal, qui surgit sans avertissement, auquel le sujet n’est pas préparé et qui excède sa capacité d’adaptation.
Cet événement brutal qui prend le sujet par surprise et donc le déroute, entraîne une perturbation massive de son fonctionnement psychique et des ses capacités de défense, perturbation allant du stress intense, à l’effroi, jusqu’à l’effondrement dans les cas extrêmes. C’est le traumatisme.
Ainsi, le traumatisme désigne les conséquences d’un événement traumatique dont la soudaineté, l’intensité et la brutalité peuvent non seulement entraîner un choc psychique, mais aussi laisser des traces durables sur le psychisme d’un sujet, qui s’en trouve alors altéré.
L’altération durable du psychisme peut conduire au syndrome de stress post-traumatique ou trouble de stress post-traumatique en anglais : post traumatic stress disorder PTSD).
On désigne sous ce terme la souffrance morale et l’anxiété (terreur, honte, détresse, sentiment d’impuissance) qui altèrent la vie de celui ou celle qui en souffre sur une durée anormalement longue, de plusieurs semaines, mois … années.
Parce que le souvenir traumatique ne suit pas la procédure habituelle d’analyse et de mise en mémoire, cette altération de la constitution de la mémoire rend difficile la mise à distance de l’événement. Les émotions ressurgissent, avec une puissance similaire à l'événement initial.
Le trauma peut également être “complexe” lorsqu’il résulte d’événements traumatiques répétés, d'expériences de vie douloureuses sur une période de temps plus ou moins longue, souvent dans le cadre interpersonnel/familial.
La prévalence ou fréquence des traumatismes
Selon les études, au moins 50% des adultes occidentaux se rappelle avoir été exposés au cours de leur existence, à au moins un traumatisme psychologique sévère.
Quant aux personnes qui développent un trouble de stress post traumatique, elles représenteraient 5 à 12% de la population générale, selon l’Inserm. Cet institut précise toutefois que ces données sont principalement issues d’études menées aux Etats-Unis (les études sur le sujet sont plus rares en France et dans les autres pays) et que ces chiffres pourraient être sous-estimés du fait de la méconnaissance du trouble et de ses présentations incomplètes qui peuvent échapper au diagnostic.
Trauma, méditation et autres pratiques de prise en charge
On sait depuis un moment, et des études récentes le montrent*, que se tourner vers sa vie intérieure, ses sensations, sa respiration durant la méditation peut être déclencheur d’anxiété, voire de dissociation ou retraumatisation chez les victimes de trauma et particulièrement celles souffrant de syndrome de stress post traumatique.
Ces mêmes effets indésirables peuvent également être vécus par des pratiquants de yoga ou lors de séances de thérapies basées sur l’acceptation.
* La dernière étude dont j’ai connaissance alors que j’écris cet article date de juin 2021.
En même temps, les études montrent qu’il existe des arguments sérieux très favorables à la pratique méditative dans le traitement des syndromes post traumatiques. Encore faut-il que l’accompagnement soit “sensible au trauma” pour qu’elle n’entraine pas les participants dans les ornières d'effets indésirables.
Qu’est-ce qu’une pratique sensible ou intégrant la notion de Trauma?
Une pratique de méditation (ou de yoga ou plus généralement de soins) est une pratique :
- qui reconnaît la prééminence des expériences traumatiques chez les personnes qui reçoivent des services pour prendre soin d’eux ;
- qui possède une compréhension des impacts neurologiques, biologiques et psychologiques sur l'individu ainsi que des effets sociaux ;
- où les intervenants présument que leurs client.e.s ont une histoire de vie empreinte d’adversité et exercent des « précautions universelles » en créant des systèmes de soins qui tiennent compte des traumatismes ;
- qui reconnaît que certaines des pratiques utilisées peuvent avoir un effet aggravant le traumatisme.
Ma certification à la pratique de la méditation de pleine conscience “sensible au trauma”
Après plus d’une année de formation auprès de David Treleaven, j’attache une importance particulière à respecter et intégrer les quatre principes suivant lors de mes accompagnements individuels ou collectifs :
1. Sensibilisation
Je suis parfaitement informée et sensibilisée à la fréquence du traumatisme, au rôle essentiel que peuvent jouer ses effets dans le développement d’une personne, aux nombreuses adaptations faites pour s’en sortir, et au lien entre traumatisme et problèmes de santé (physique et mentale).
C’est sur cette sensibilisation que repose la manière dont j’enseigne la méditation de pleine conscience.
2. Sécurité et la confiance
La pratique de la méditation sensible au trauma assure la sécurité physique et affective des personnes que j'accompagne, car celles-ci sont souvent vulnérables (du fait d’avoir vécu des violations de leurs limites et de l’abus de pouvoir).
J’attache une importance particulière à créer un sentiment de sécurité et de confiance en donnant de l’information claire sur les programmes, en obtenant un consentement éclairé, en élaborant des stratégies à déployer en cas de crise, en restant disponible tout au long des formations.
3. Choix, collaboration et lien
J’enseigne la pleine conscience de manière à générer chez les pratiquant.e.s un sentiment d’efficacité, d’autodétermination et de maîtrise d'eux.elles-même.
Cela passe par une communication claire et ouverte, une écoute non-jugeante, une offre de collaboration pour adapter au mieux les pratiques à la situation de chacun.e.
4. Développement des forces et habiletés
J’aide les participant.e.s que j’accompagne à consolider leurs habiletés d’adaptation et de résilience, en mettant l’accent sur l’enseignement et la démonstration d’aptitudes propices à l’identification de leurs éléments déclencheurs et le renforcement de leurs ressources de stabilité et de force.
Le sujet vous interpelle, vous intéresse ? Si c'est le cas, n'hésitez pas à me contacter pour voir si nous pourrions échanger ou avancer ensemble !
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