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Mon expérience des retraites de méditation en silence (1)

 

Depuis que je pratique la méditation (et pas seulement depuis que je l’instruis !) j’effectue régulièrement des retraites de méditation de pleine conscience en silence, de 5 ou 6 jours. La dernière que j’ai faite s’est achevée avant hier.

Beaucoup de personnes à qui j’en parle me demandent “mais comment ça se passe ?”, “tu ne parles pas du tout ?” … etc.

 

Alors voici quelques bribes de mon expérience.

Tout d’abord, le silence … (ou pas !)

Effectivement, durant la période de silence, on ne parle pas.

Même si l’on fait ces retraites en groupe, on se côtoie tous mais en silence. On évite aussi de se regarder ce qui est une forme de communication. Il est vrai que lorsqu’on se croise, on peut esquisser un vague regard ou sourire comme pour se dire bonjour, “je sais que tu es là”, mais c’est tout.

Durant les repas, attablés tous ensemble, on peut quelques fois faire quelques gestes pour un “puis-je avoir le sel s’il vous plait” ou “je reprendrais bien un peu d’eau” … mais c’est tout. Et il n’y a pas besoin de plus.

Nous sommes tous en silence, dans notre intériorité et comprenons rapidement les quelques besoins que l’on peut avoir quand on interagit ensemble. Il y a une espèce de communication intuitive, instinctive qui se fait entre nous.

Pour le reste du temps, on est avec soi, et rien qu’avec soi …

Et pour le coup, ce n’est pas toujours du silence, tellement nous avons l’habitude de nous parler intérieurement, tellement nous produisons un bavardage intérieur incessant, tellement notre “radio mentale” est toujours allumée !

 

Alors en général, durant les deux premiers jours de retraite, en tout cas pour moi, c’est un grand brouhaha intérieur auquel je fais face. Comme si au quotidien, en étant occupée à une chose puis à une autre, ce brouhaha restait au second plan ; alors qu’avec le silence qui s’installe durant une retraite, il peut prendre toute sa place … Et il en prend de la place … en tout cas au début !

 

Après il se calme progressivement, tranquillement : il a pu s’exprimer, il a dit tout ce qu’il avait à dire (même plusieurs fois !) et plus rien ne l’alimente. Comme la mer qui se calme après une tempête.

Ensuite la clarté de la vie intérieure …

Une fois qu’un calme relatif intérieur s’installe vient la clarté.

Nous nous rendons compte plus clairement de notre mode pilotage automatique, qui continue régulièrement à se mettre en marche, mais moins souvent, nous sommes à même d’examiner nos schémas de pensées, de réactivité, de voir arriver nos émotions … Et là, ce n’est pas forcément la partie la plus agréable. Le juge intérieur qui habite à l’intérieur de nous, prend le relai et se fait plus clairement entendre : “tu ne devrais pas …”, “encore cette pensée négative”, “je suis trop comme ci ou pas assez comme ça” …

 

Il est important alors de se rappeler que cet examen de notre vie intérieure doit se faire avec bienveillance, sans rajouter une couche d’autoflagellation, en prenant de la distance à chaque fois que l’on s’aperçoit être entrain de se juger ou de juger les autres !!

Et la retraite se finit déjà !

Une fois que l’habitude du silence est prise, que notre radio intérieure s’est mise en sourdine et que l’on arrive enfin à regarder passer nos émotions, nos pensées sans autre attachement … la retraite prend déjà tranquillement fin et l’on sort du silence.

 

Quand on fait une sortie en silence progressive, je suis toujours étonnée de la façon dont on reprend la parole : elle est plus juste, plus précise et percutante … comme si le silence lui avait redonné sa pleine valeur.

 

Et puis c’est le retour chez soi, un peu déboussolé, un peu désorienté … comme si ces quelques jours nous avait mis à nu et qu’il fallait quelques temps pour se refaire une carapace et foncer à nouveau tête baissée dans notre quotidien. Mais il reste en nous une certaine bienveillance, une certaines curiosité, une certaine ouverture … des traces qui perdurent et que l’on sera content de retrouver et de retravailler lors de la prochaine retraite.

Ces retraites nous permettent de nous re-connecter profondément à nos ressources
et peut être ainsi, petit à petit, de contribuer à changer le monde !