
La phrase "nous devenons bons dans ce que nous pratiquons" est simple, mais elle contient une vérité profonde : nos habitudes, qu'elles soient liées à nos actions, à nos pensées ou à nos émotions, se renforcent par la répétition. Si nous pratiquons la colère, le ressentiment ou la frustration, ces états d’esprit peuvent devenir des réflexes automatiques.
Mais il existe une bonne nouvelle : grâce à la neuroplasticité et à des pratiques comme la pleine conscience, nous pouvons changer ces schémas et en cultiver de nouveaux, plus positifs et plus équilibrés.
La neuroplasticité : un cerveau qui se transforme avec la pratique
Le cerveau humain est incroyablement adaptable grâce à un phénomène appelé neuroplasticité.
En termes simples, cela signifie que notre cerveau peut changer et se réorganiser en fonction de nos expériences. Cette capacité nous permet de renforcer certaines compétences et aptitudes par la répétition. Une étude menée par Draganski et al. (2004) a par exemple démontré que des personnes apprenant à jouer du violon développaient une plus grande matière grise dans les régions cérébrales associées à la coordination motrice et à la mémoire musicale.
Ce phénomène de plasticité ne concerne pas seulement les compétences techniques, mais également les émotions et les schémas cognitifs. Lorsque nous nous adonnons régulièrement à des pensées négatives ou à des émotions comme la colère, nous renforçons ces circuits neuronaux. Ainsi, nos réactions émotionnelles deviennent des habitudes et nous nous retrouvons pris dans un cercle vicieux de réactivité négative.
La règle de Hebb — "neurons that fire together, wire together" (les neurones qui s'activent ensemble se connectent ensemble) — résume parfaitement ce principe. Selon cette règle, lorsque deux neurones sont activés simultanément ou de manière répétée, les connexions entre eux deviennent plus fortes.
En d'autres termes, plus nous répétons une action ou une pensée, plus les connexions neuronales associées à cette action ou pensée deviennent solides, facilitant ainsi sa répétition. Cette règle nous montre que nos habitudes, qu'elles soient fonctionnelle ou émotionnelles, se renforcent au fil du temps par la répétition.
La pratique délibérée : comment l'expertise se construit
Une autre facette essentielle de l'amélioration par la pratique est le concept de pratique délibérée proposé par le psychologue Anders Ericsson. Selon ses recherches, les experts dans des domaines comme la musique, le sport ou les échecs ne sont pas simplement nés avec un talent exceptionnel. Ils ont acquis leur expertise grâce à des heures de pratique ciblée, concentrée et répétée. L'idée est simple : plus nous mettons de l'effort et de la concentration dans une activité, plus nous devenons compétents dans cette activité.
De la même manière, si nous consacrons du temps et de l'énergie à des pratiques émotionnelles ou cognitives conscientes, comme la gestion des émotions ou la régulation de nos pensées, nous pouvons transformer nos habitudes de pensée et nos comportements. La pratique de la pleine conscience est un outil permettant ce processus de transformation.
La pleine conscience : sortir des schémas habituels
La pleine conscience ou mindfulness est une pratique qui nous permet de prendre du recul par rapport à nos pensées et nos émotions sans les juger. Elle consiste à prendre conscience et à accueillir nos expériences avec bienveillance, sans se laisser emporter par elles. En pratiquant la pleine conscience, nous pouvons sortir des schémas négatifs qui se sont formés par la répétition.
- Observer sans juger : La première étape consiste à prendre conscience de nos pensées et émotions sans les juger. Plutôt que de réagir impulsivement, nous pouvons simplement les observer et les accepter, ce qui nous permet de créer un espace entre la situation et notre réaction. Cela nous donne la possibilité de ne pas être embarqué.e par nos schémas habituels.
- Faire une pause avant de réagir : La pleine conscience nous apprend à prendre une pause avant de réagir, offrant ainsi un moment pour observer nos émotions et choisir une réponse plus réfléchie et juste. Une étude de Davidson et al. (2003) a montré que la pleine conscience favorisait une activité accrue dans le cortex préfrontal, une région du cerveau associée à la régulation des émotions et à la prise de décision.
- Choisir des réponses conscientes : En pratiquant régulièrement la pleine conscience, nous commençons à avoir plus de contrôle sur nos réactions émotionnelles et nos pensées. Nous devenons capables de choisir des réponses plus adaptées aux situations, plutôt que de réagir de manière impulsive ou négative. Cela nous permet de cultiver des émotions plus positives, comme la sérénité, l'empathie et la gratitude.
La transformation des schémas réactifs
Tout comme nous devenons experts dans des domaines techniques par la pratique, nous pouvons aussi "reprogrammer" notre cerveau pour sortir de schémas de pensée négatifs. La pratique régulière de la pleine conscience permet de réorganiser les circuits neuronaux associés aux émotions et aux pensées réactives. Cela prend du temps et de l'effort, mais les bénéfices sont tangibles : une plus grande régulation émotionnelle, une réduction du stress et une meilleure qualité de vie.
Une étude de Doyon et al. (2009) a démontré que, par la pratique répétée, les circuits neuronaux liés à l'automatisation des actions se renforcent, permettant ainsi de passer d'une réponse impulsive à une réponse plus réfléchie. Ce phénomène s'applique non seulement aux compétences physiques, mais aussi aux schémas de pensée et émotionnels.
Conclusion
Nous devenons bons dans ce que nous pratiquons. Si nous régulièrement nous adoptons des façons de faire et et de penser négatives, comme la colère, le ressentiment ou la frustration, nous renforçons ces circuits dans notre cerveau. Cependant, grâce à la neuroplasticité et à la pratique de la pleine conscience, nous avons le pouvoir de changer ces schémas et de cultiver des habitudes mentales et émotionnelles plus équilibrées et positives.
La pratique de la pleine conscience nous permet de prendre du recul par rapport à nos émotions, de faire une pause avant de réagir et de choisir des réponses plus conscientes. Avec le temps, nous pouvons transformer nos réflexes négatifs en comportements plus constructifs et plus sereins.
Alors, pourquoi ne pas commencer à pratiquer la pleine conscience dès aujourd'hui et nourrir des schémas d’action et de pensées plus positifs pour notre bien-être ?
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