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Le vagabondage mental et la méditation

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Méditer ce n’est pas faire le vide dans sa tête comme on peut parfois l’entendre, car, comme expliqué ci-après, il est impossible d’arrêter notre cerveau de produire des pensées.

En effet, le vagabondage mental, le flux de pensées permanent, fait partie de l’activité normale du cerveau humain. Il occupe même jusque la moitié du temps de notre temps éveillé.

 

« En neurosciences, toutes les activités cérébrales sont des pensées. Qu’on soit en phase de sommeil, dans le coma ou éveillé, le cerveau est en activité, donc produit des pensées. Il peut moduler son activité, mais ne s’arrête jamais. En fait, le seul moment où on ne pense pas, c’est quand on est mort ! », explique Bernard Mazoyer, spécialiste de neuro-imagerie cognitive à l’université de Caen.

 

Mais que fait exactement le cerveau lorsque nous sommes inactifs ? Il s’occupe de lui-même, de son monde intérieur, laissant dériver les pensées, échafaudant des plans imaginaires ...

 

Le vagabondage : le mode "écran de veille" de notre cerveau

Depuis une dizaine d’années, les recherches en neurosciences ont montré que le vagabondage des pensées repose sur l’activité d’un réseau cérébral nommé « réseau par défaut ».

Ainsi, par défaut, lorsque nous ne sommes pas concentrés sur une tâche ou une quelconque occupation, le cerveau est en mode « vagabondage » des pensées, un peu comme l’écran de veille de notre ordinateur qui, lorsqu’il n’est pas utilisé à une activité, se met à faire défiler des photos, des courbes colorées, des informations, des citations … de manière aléatoire !

 

Mais lorsque notre esprit vagabonde, nos pensées ne seraient pas tout à fait aléatoires.

En effet, il semblerait que le réseau par défaut responsable de notre vagabondage mental sous-tend une activité cognitive dirigée vers soi, d'introspection. Ce qui explique pourquoi notre esprit est si égocentrique lorsqu’il vagabonde !

 

Le réseau du mode par défaut nous permet de songer à notre passé et d'imaginer notre avenir. Il peut revenir sur des événements que nous avons vécus et nous projeter dans le futur pour envisager des choses qui ne sont pas encore arrivées.

 

Interrogés sur le contenu de leurs pensées au cours d'un examen IRM, des participants à une étude scientifique ont rapporté qu'ils avaient vu ressurgir des souvenirs passés, dits autobiographiques, ou, au contraire, émerger des pensées visant à planifier le futur.

Ils ont également rapporté la présence d'images mentales et de bribes de langage internalisé (la petite « voix dans la tête » que l'on entend quand on se parle à soi-même).

 

Le vagabondage des pensées ... utile jusqu'à un certain point

Laisser son esprit vagabonder est une activité utile, qui permet d’imaginer diverses solutions à nos problèmes, qui favorise notre créativité par l’association libre de pensées, qui développe notre intuition …

Ces capacités rendent donc notre réseau par défaut indispensable au fonctionnement social, à l'imagination, à la créativité et à la planification.

 

Cependant, trop de vagabondage mental peut être source de pensées et d’émotions négatives car la dispersion mentale nous éloigne du bonheur.

 

En effet, une étude des psychologues américains Matthew Killingsworth et Daniel Gilbert, de l'Université Harvard, à Cambridge, montre que le vagabondage mental est souvent impliqué dans les ressentis émotionnels négatifs.

En 2010, ces deux psychologues ont posé 250 000 questions à 5 000 personnes de 83 nationalités et âgées de 18 à 88 ans pour évaluer le lien entre sentiment de bien-être et dispersion mentale : Que faites-vous ? Êtes-vous concentré sur ce que vous faites ? Comment vous sentez-vous ?

Ces questions étaient posées à différents moments de la journée, via une application smartphone créée spécifiquement pour l’étude « Rate Your Happiness (Évaluez votre bonheur) ».

 

Les résultats de cette étude ont montré que, près de la moitié du temps, l'esprit des participants vagabonde loin de leur activité du moment, aux prises avec des pensées diverses plus ou moins agréables.

 

En outre, les personnes décrivent ces moments de vagabondage comme étant moins heureux que ceux passés avec l'esprit concentré sur ce qu'elles font, quelle que soit l'activité.

Point crucial, les résultats suggèrent que le vagabondage de l'esprit est la cause et non la conséquence des émotions négatives.

Les psychologues en concluent : « L'esprit humain est un esprit vagabond, et un esprit qui vagabonde est un esprit malheureux. »

 

Ainsi, le vagabondage des pensées, cette perte de contact avec la réalité, peut tourner à la rumination, délétère pour notre moral.

 

Une solution : la méditation

La méditation peut nous aider dans la prise de conscience du vagabondage mental et la réorientation de notre attention vers quelque chose de plus neutre, comme le moment présent.

 

En effet, en méditant régulièrement, c’est-à-dire en entrainant notre attention, nous apprenons à repérer ces moments où notre esprit se met à vagabonder, à être entrainé dans un flot de pensées.

Tout l’enjeu de cet entrainement est de ramener notre esprit sur notre objet d’attention - les sensations de la respiration, des pieds sur le  sol, etc. - rien de plus ... sans s’en vouloir, sans considérer que ce vagabondage est un échec, puisqu’il est naturel.

 

J. Ph. Lachaux suggère que pour éviter le vagabondage de l’esprit et la rumination de pensées négatives, il convient de « n'avoir qu'une chose à faire et une seule … sans focalisation excessive sur notre performance ».

C’est ce que propose la méditation !

 

Et plus nous pratiquons ces allers et retours en méditation, plus nous « musclons » notre attention, un peu lorsque nous faisons des répétitions dans des séances de renforcement musculaire.

 

Cet entrainement permet de repérer ensuite, dans notre vie quotidienne, ces moments où nous nous mettons à ruminer, à nous laisser emporter par tout un tas de pensées, à laisser notre mental dériver … pour recentrer notre attention à ce que nous sommes entrain de faire ou tout simplement revenir à l’instant présent, à notre présence au monde.

 

Il a d’ailleurs été scientifiquement prouvé que la méditation réduit l’activité du réseau par défaut.

Et comme on sait maintenant que le vagabondage de l'esprit est la cause d’émotions négatives, on pourrait presque conclure que la méditation nous permet d’être plus heureux !

 

Alors méditons,

re-connectons nous ainsi à nos ressources de paix, de joie,

et peut être ainsi, petit à petit, contribuons à changer le monde …

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Mbuyi Christopher (vendredi, 16 septembre 2022 00:48)

    Depuis que j'ai lu le "Pouvoir du moment présent", je me sers aussi de la méditation dans mon quotidien. Je m'entraîne à revenir dans le "présent" et je sors de mes pensées le plus possible, ou a mieux les comprendre, les accueillir . Ce sont les vidéos de la chaîne "Vivre autrement"qui t'aident à ça, tous les jours depuis plus de 2 ans maintenant

    Vous devriez essayer car ça a vraiment changé ma vie : https://www.youtube.com/results?search_query=vivre+autremeent
    La cerise sur le gateau, c'est qu'ils répondent aux questions dans les commentaires sur ses différentes vidéos �