Il m'arrive régulièrement que l'on me demande "que faire si je n’arrive pas à méditer assis.e, à rester immobile ?"
Ma réponse est alors "méditez en mouvement !".
En effet, la méditation se pratique autant durant des périodes d’immobilité que durant des périodes de mouvements, puisque méditer consiste à porter son attention sur l'expérience du moment, plutôt que d'être perdu.e entre des pensées sur le futur, le passé ou autres constructions mentales. Pour que l’attention soit dans le moment présent, on la porte sur ce qui peut être perçu moment après moment en provenance de l’extérieur (sons, odeurs, paysages …) ou de l’intérieur (sensations corporelles, pensées, émotions …).
Porter son attention sur les sensations du corps quand on est en mouvement est tout aussi bénéfique que porter son attention sur les sensations de la respiration quand on est immobile.
Dans la méditation de pleine conscience (et telle qu'on la pratique dans le programme MBSR), on médite en mouvement en effectuant des mouvements doux ou de la marche méditative. Ces types de méditation présentent de multiple intérêts.
Je vous explique tout ça dans cet article.
Les méditations en mouvement
Les méditations en mouvement sont généralement lentes. Il s'agit de sortir du notre mode "actions-réactions" dans lequel nous sommes si souvent, en ralentissant volontairement, pour permettre d'entrainer notre attention à être "en nous" plutôt qu'hors de nous.
Et tout comme dans la méditation immobile, on ne cherche pas à atteindre un objectif :
- dans les mouvements méditatifs, on ne cherche pas à atteindre de la souplesse, une posture, un idéal physique ;
- dans la marche méditative, on ne cherche pas à aller quelque part.
On cherche juste à (re)devenir attentif au corps et à ressentir tout ce qui peut être ressenti moment après moment lorsqu'il est en mouvements.
Les mouvements méditatifs
En méditation de pleine conscience, les mouvements méditatifs sont des mouvements inspirés du du yoga ou du qi-qong.
On alterne des mouvements lents, des étirements doux, des pauses, en étant présents à toutes les sensations qui émergent, se modifient, disparaissent, moment après moment ... aussi bien lorsque les mouvements se déploient que lorsqu'ils s'arrêtent.
Ces mouvements doux permettent à ce.lles.ux dont le mental s’agite particulièrement en cas d’immobilité, voire ressentent de l'anxiété (voir ci-dessous), d’avoir comme un ancrage dans le mouvement.
De manière général, ils permettent de redévelopper une conscience corporelle qu'on peut avoir perdue à force d'être "dans notre tête".
La marche méditative
La méditation en marchant consiste à amener son attention à tout ce qui peut être ressenti dans le corps lorsque l'on effectue cette activité si automatique qu'est la marche : contact des pieds avec le sol, mouvements du corps, équilibre ...
On peut également être présent.e à ce que nous percevons autour de nous lorsque nous marchons, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur.
Pour tout savoir sur cette pratique, je vous renvoie aux articles que j'ai écrits sur le sujet :
- Les différents types de marche méditatives
- La marche en pleine conscience (ou méditer en marchant)
- La marche méditative d'intérieur
L'intérêt de méditer en mouvement
Pour certains, les mouvements sont préférables à l'immobilité
Certains méditants éprouvent de réelles difficultés à rester immobiles du fait de douleurs chroniques ou conditions physiques (syndrome des jambes impatientes …). Les mouvements en pleine conscience sont donc tout naturellement indiqués pour permettre à ces personnes de pratiquer la méditation.
D’autres préfèrent être en mouvement lorsqu’ils méditent, l’immobilité pouvant particulièrement favoriser chez eux le vagabondage mental intense, l’intrusion de pensées négatives, l'anxiété ... voire la réminiscence de souvenirs traumatiques, comme je l'explique dans un autre post.
En général, les mouvements favorisent la reconnexion au corps
Beaucoup d’entre nous sommes déconnecté.e.s de notre corps.
A force de vivre dans notre mental, à force de sédentarité, à force de connexion sur nos outils digitaux, nous avons tendance à considérer que nous sommes un cerveau sur un corps dont on exige qu’il nous transporte d’un endroit à un autre sans broncher !
Or, nous sommes un, de la tête au pieds, et notre corps (dans son entier) est notre instrument de présence au monde : c’est grâce à lui que nous percevons ce qui se passe en nous et autour de nous, moment après moment, et qui est donc notre boussole pour naviguer au quotidien (C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on parle de la méditation comme une pratique de reconnexion du corps et de l’esprit).
Alors pour tous ce.lles.ux qui ont du mal à ressentir ce corps dont ils se sont déconnecté.e.s, faire des mouvements en pleine conscience est très utile.
En s’étirant, en bougeant, on active toute une série de terminaisons nerveuses qui permettent alors une meilleure sensation dans ses différentes parties du corps que l’on active, comme les muscles, les articulations ... La prise de conscience peut alors se faire plus facilement.
La méditation en mouvement permet de prendre soin de soi et de ses limites
Puisqu’en méditation, quelle qu’elle soit, on ne cherche pas l’atteinte d’un objectif ou la réalisation d’une performance, les méditations en mouvement sont des entraînements à juste être présent aux sensations du corps lorsqu’il bouge.
On ne cherche pas à atteindre une posture, à aller quelque part ou à dépasser ses limites comme dans les activités sportives.
En soi, c’est souvent un vrai soulagement que de pouvoir consacrer un temps à soi juste pour être présent.e à soi sans rien vouloir d’autre, nous qui sommes souvent dans la projection d’un but à atteindre, qu’il soit physique (avoir une certaine souplesse, marcher pour aller quelque part), matériel ou autre.
Du coup, en ne recherchant rien de particulier, on est plus à même de s’écouter, de se respecter et donc de ne pas aller au delà de nos limites.
En faisant cela, on prend soin de soi et on renoue plus volontiers avec le mouvement, avec une sorte d’activité physique, alors qu’on n’avait pas envie ou la capacité de “faire du sport”.
Beaucoup des participants aux programmes d'apprentissages de la méditation comportant des méditations en mouvements (comme le programme MBSR) témoignent du bien être qu'apporte ces pratiques alors qu'ils n'avaient pas ou plus d'activité physique, pour manque de temps ou de motivation ou du fait de blessures/d'incapacité physiques.
Les méditations en mouvements permettent de prendre soin de soi, de "faire avec" et non plus faire "au-delà" ou "à l'encontre". Un vrai apprentissage aussi bien au plan physique que mental !
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Luc (mercredi, 07 avril 2021 14:48)
Bonjour